Collapsus de Thomas Bronnec

Une dystopie politique glaçante, trop proche du réel

Thomas Bronnec impose avec Collapsus une dystopie politique d’une actualité troublante, où la frontière entre fiction et réalité s’estompe à chaque page. Le roman nous projette dans une Ve République au bord de l’effondrement, minée par l’urgence écologique et les dérives autoritaires d’un pouvoir prêt à tout pour se maintenir. Ancien journaliste, l’auteur exploite sa connaissance intime des rouages de l’État pour construire un thriller institutionnel d’une redoutable efficacité. Ici, chaque décision, chaque compromis, se transforme en menace pour les libertés fondamentales, offrant au lecteur une plongée vertigineuse dans les arcanes d’un système politique à l’agonie.

Des personnages complexes au cœur d’un suspense maîtrisé

L’intrigue, d’une tension implacable, s’articule autour de figures politiques et administratives tiraillées entre idéalisme et pragmatisme, contraintes de pactiser avec l’inacceptable pour conjurer le chaos. Bronnec excelle dans l’art de dessiner des personnages féminins nuancés, échappant aux stéréotypes, et de distiller un suspense qui tient le lecteur en haleine jusqu’à la dernière ligne. Son style, sec et incisif, sert une narration haletante, où chaque mot semble pesé pour mieux frapper. La précision de son écriture, presque clinique, renforce l’impression d’assister à une autopsie des mécanismes de l’autoritarisme, où chaque détail compte.

Un miroir tendu à notre époque

Au-delà de son efficacité narrative, Collapsus se révèle une œuvre profondément politique, interrogeant les limites de l’action publique face à la crise. En explorant les dangers d’une démocratie sacrifiée sur l’autel de l’urgence, Bronnec signe une fable noire aussi captivante qu’alarmante. Ce roman, à la fois polar et essai déguisé, se lit comme un avertissement : et si demain était déjà aujourd’hui ? Une lecture indispensable, à la fois stimulante et dérangeante, qui laisse une empreinte durable bien après la dernière page.