La Terre Verte d'Alain Ayroles

Uchronie et pouvoir : une intrigue nordique audacieuse

La Terre Verte s’affirme comme une uchronie audacieuse où le tyrannique Richard III, incarnation du pouvoir manipulateur, s’enchevêtre dans une saga nordique aux accents shakespeariens. Cette trame propose une intrigue à la fois politique, mystique et profondément humaine, mêlant habilement les enjeux de domination à une dimension quasi mythologique.

Esthétique glaciale et gravure narrative

Le dessin, à la fois gravure artisanale et éclat glacé, confère aux paysages groenlandais et aux visages tourmentés une présence visuelle saisissante. Même en noir‑et‑blanc, la rigueur graphique de Tanquerel rend hommage à une esthétique qui renforce la tension dramatique et souligne la dureté du décor arctique.

Réflexion contemporaine et tonalité contrastée

Au‑delà de son apparence, la bande‑dessinée interroge la folie du pouvoir et la destruction narcissique des sociétés, résonnant avec les enjeux actuels de domination et d’écologie. Son ton oscille entre grandeur épique et sarabande macabre, « glace les sangs », offrant une narration incisive et un vocabulaire élégant. Les personnages, à la fois archétypaux et nuancés, confèrent à l’œuvre une profondeur rare, faisant de La Terre Verte une fresque historique contemporaine, originale tant par son cadre arctique que par sa mise en scène narrative, invitant les amateurs de bande‑dessinée à une lecture à la fois effrayante, pathétique et irrésistiblement captivante.