Minuit passé de Gaëlle Geniller

Une plongée nocturne au cœur du manoir

Dans Minuit passé, Gaëlle Geniller conduit le lecteur au sein d’un manoir énigmatique où le protagoniste, Guerlain, père insomniaque, revit une enfance effacée. Sous la lueur vacillante de ses rêves, il assiste à des phénomènes inexplicables qui réveillent un pan enfoui de son passé. L’intrigue, à la fois onirique et mordante, s’articule autour de thèmes profonds tels que l’enfance, l’acceptation de soi et la nostalgie, tout en baignant le récit d’une atmosphère gothique‑poétique. Chaque case, dessinée avec des traits fins et des couleurs chatoyantes, évoque l’élégance de l’Art Nouveau et crée une immersion visuelle exceptionnelle.

Originalité narrative : entre conte lyrique et thriller psychologique

Le véritable point fort du volume réside dans son habile mélange de conte lyrique et de thriller psychologique. La narration se lit comme une poésie visuelle, où les images et le texte s’entrelacent pour former une symphonie graphique. Les personnages, notamment le petit‑fils de Guerlain, apportent une tendresse inattendue qui contraste avec l’obscurité du décor, renforçant ainsi la portée émotionnelle de l’œuvre. Cette dualité confère à l’histoire une profondeur rare, oscillant entre douceur et tension dramatique.

Un style artistique à la fois délicat et incisif

Le style de Geniller se révèle à la fois délicat et incisif, transformant chaque page en véritable objet d’art. La maîtrise du trait, la richesse chromatique et la composition soignée font de Minuit passé une lecture captivante et une expérience esthétique singulière. Cette bande dessinée séduit non seulement par son intrigue intrigante, mais également par la profondeur thématique de son propos et par une esthétique raffinée qui élève le médium au rang de véritable expression artistique.